Liverpool, 11 juin 2005,Cher Journal,
C’est bien comme ça qu’on commence, non ? Elles font toutes ça dans les livres. Je crois qu’après, on est sensé se présenter. Autant te prévenir tout de suite, il est probable que je fasse des fautes d’orthographe ou de grammaire mais ça, c’est à cause de mon père. Ben oui, c’est pas parce que je suis dyslex-truc, hyperactive avec déficit de l’attention – tout ça, je ne l’ai pas inventé, maman me l’a expliqué – et que j’ai seulement neuf ans que je suis stupide ! J’avais bien vu depuis longtemps que maman pleurait souvent devant une photo accrochée sur l’intérieur de sa porte de dressing. Alors une fois – c’était il y a deux ans, j’étais encore petite et bête – je suis allée la voir à ce moment là, et je lui ais demandé pourquoi elle pleurait et pourquoi moi je n’avais pas de papa. Je t’avais bien dis que j’étais bête ! C’est alors que, au lieu de fondre en larmes – ma maman je l’adore parce qu’elle est très courageuse – qu’elle m’a raconté l’histoire de ma naissance. J’ai pas tout saisi parce qu’elle parlait très vite et je voyais bien que ça lui faisait mal de parler de ça avec moi. Ce que j’ai retenu surtout, c’est qu’elle était très amoureuse de mon papa – en fait, je crois qu’elle l’est encore un peu – et qu’il semblait l’aimer lui aussi. Sauf qu’après que je sois née, il est parti et il n’est jamais revenu. Le plus bizarre dans l’histoire, c’est qu’apparemment, c’est Arès, le dieu de la guerre. Eh oui, ce qu’on nous apprend sur les Grecs avec l’Olympe et tout le tralala c’est vrai en fin de compte ! Il faut bien avouer qu’au début, j’ai cru que c’était du baratin et qu’elle me disait n’importe quoi ; sauf que trois semaines plus tard, un gros chien moche et tout baveux est sorti de nulle part et s’est jeté sur la fenêtre du salon. Là, j’ai cru qu’on allait tous mourir sauf que maman lui a tiré dessus et qu’il s’est transformé en poussière dorée. A partir de ce moment là, maman a changé, je trouve. Elle est tout le temps inquiète et me regarde souvent avec un air triste dans les yeux. Je me demande souvent pourquoi, mais je pense connaître la raison : c’est à cause de lui. Mon père.
Liverpool, 14 juin 2005,Cher Journal,
Ce week-end, j’ai tout raconté à Lizzy : elle m’a prise pour une folle et puis on s’est disputées. J’aurais bien voulu aller tout dire à maman mais je vois bien qu’il ne faut pas que je l’embête avec ça, qu’elle est déjà bien assez triste. Désolée, je n’écris pas plus mais je n’ai vraiment pas le cœur à écrire aujourd’hui. D’ailleurs, je viens de me rendre compte que je ne m’étais pas présentée ! Tant pis, je le ferai demain. Tu sais quoi ? J’ai vraiment l’impression que c’est encore à cause de mon père si je ne suis plus amie avec ma meilleure copine.
Je crois que je commence à le détester.
Liverpool, 15 juin 2005,Cher Journal,
Je suis si contente ! Hier soir, très tard, Lizzy a appelé et m’a demandé si on pouvait redevenir amies. Je lui ai dit oui, bien sûr. Alors aujourd’hui, on s’est retrouvées ici et on a décidé de faire un pacte : puisque la raison de notre dispute était l’existence de l’Olympe, on a fait le serment de renier la réelle le fait que tout ça existe vraiment et de détester mon père. Je me sens tout de suite plus légère, ça fait du bien !
Grâce à notre réconciliation, j’ai enfin le cœur à me présenter. Donc moi, c’est Alice Quenn Livermoore. Alice comme la tante de maman qu’elle aimait tant, Queen parce qu’elle dit que je suis sa petite reine et Livermoore comme elle parce que de toute manière, je n’ai pas de papa. Moi ce que j’aime, c’est la musique, parce que maman met toujours la radio quand elle se lève et qu’elle a une très jolie voix, Lizzy, parce que c’est ma meilleure amie, les nœuds papillon de toutes les couleurs, je trouve ça marrant, les maths, parce que même en étant dyslex-truc je peux comprendre, les mangas, parce qu’il y a beaucoup de dessins et que donc je n’ai pas besoin de lire pour comprendre, et enfin taper sur les gens, ne me demandez pas pourquoi. Sinon, ce que je n’aime pas : mon père, on aura compris, les choux de Bruxelles, parce que c’est vraiment pas bon, Barbie, parce que les blondasses écervelées merci bien, et l’école en général parce que je ne comprends rien. Physiquement, maman dit que je ressemble à mon père : je suis plutôt grande pour mon âge, assez musclée, les traits du visage sévères et les cheveux bruns, presque noirs. D’ailleurs, je compte bien me les teindre un jour, comme ça, quand maman ma verra, elle ne pensera plus directement à mon père ! Sinon, mes yeux sont noisettes avec des reflets dorés au soleil, comme ceux de ma mère, et je suis un peu mate, comme elle. Je pense que je suis plutôt jolie – et j’en suis bien contente.
Bon ben voilà, je me suis présentée. Je ne te l’ai jamais dit mais toi, je t’ai acheté pour mon anniversaire. Vu que je ne suis pas très riche, tu es un cahier A4 à spirales bleu turquoise, mais je te trouve très bien comme ça.
Liverpool, 3 juillet 2005,Cher Journal,
Quelle histoire ! Je sais que ça fait longtemps que je n’ai pas écrit, et ne t’inquiète pas, ça m’a manqué. Alors voilà : on était en sortie de fin d’année au zoo quand tout à coup, la dame qui surveillait l’entrée à la nurserie des félins s’est transformée en une espèce de chauve-souris aux crocs acérés et aux ailes déchirées. Je crois qu’elle voulait me tuer. Personne ne semblait s’en rendre compte, comme si s’était tout à fait normal que je me fasse attaquer par une vétérinaire mutante au beau milieu de la sortie de fin d’année. Bref, j’ai réussi à m’enfuir et à la faire se transformer en nuage de fumée grâce à une barre de métal qui trainait là ; ce serait te mentir que te dire que je n’ai pas eu peur ! En plus, je me suis cassé le bras avec lequel j’écris. Mais bon, me revoilà ! En plus, on est en vacances et maman m’a promis que, cette année, on irait visiter les Etats-Unis. Je suis si impatiente ! En plus, quand on parle de ce voyage, son visage s’illumine et elle semble si heureuse, ça me fait plaisir de la voir comme ça. Et je t’emmènerai, bien sûr !
Liverpool, 4 juillet 2005,Cher Journal,
Ce matin, maman m’a appelée dans le salon, m’a fait asseoir devant elle bien au fond du canapé et mes pieds ne touchaient plus le sol. Quand elle me convoque comme ça, j’ai comme une boule qui se forme dans mon ventre ; c’est que ça me rend nerveuse de voir ma mère le visage aussi sérieux. Elle m’a dit que je devais savoir certaines choses avant qu’on aille aux Etats-Unis, des choses qui concernent les « sang-mêlé ». Je préfère tout te dire comme ça je serai un peu moins stressée par toute cette affaire. Donc tout d’abord, les « Chiens des Enfers » - les gros canins moches et baveux – ainsi que les « Furies » - la vétérinaire/chauve-souris – sont des monstres mythologique attirés par les demi-dieux, qu’on ne peut les tuer qu’avec du bronze-céleste et qu’il y en aura plein partout aux States. Autant te dire que ça m’a vachement rassurée de savoir tout ça… Je n’ai pas préféré lui demander d’où elle tenait tout ça parce que je voyais bien que le sujet la chagrinait. Il n’empêche que c’est louche. M’enfin bon, maman a réservé les billets d’avion en dernière minute : on part le 7 en direction de Philadelphie !
Liverpool, 5 juillet 2005,Cher Journal,
Aujourd’hui, j’ai appris à me servir d’un pistolet ! Je te jure, un vrai pistolet comme dans les films ! Maman m’a montré la position à avoir, comment viser et recharger l’appareil. Va savoir pourquoi, maman est plus jolie, je trouve, avec cette arme dans les mains. Je me suis entrainée à viser une canette de soda sur un tabouret avec des balles en plastique, mais je me doute bien que je ne tuerai personne avec des balles en plastique. D’habitude je suis modeste mais là, il faut dire que je m’en sors vraiment bien : je touchais encore la canette à 20 mètres. Moi aussi je dois être plus jolie avec le flingue dans les mains parce que quand je sens la gâchette contre mon index et la crosse dans mes paumes, je me sens plus vivante. Ca doit être l’adrénaline, je l’avais déjà ressentie devant la furie au zoo. Pour une fois, je ne maudis pas trop mon père pour m’avoir donné une occasion de ressentir cette force.
Je ne sais trop où dans l’Illinois, 20 juillet 2005,Cher Journal,
Désolée pour les traces de terre que je risqué de laisser sur tes pages mais là, je ne peux vraiment pas faire autrement. A New York, nous avons commencé une course-poursuite gigantesque, digne des meilleurs films d’Hollywood. Moi qui aime me battre, je suis servie ! Ces espèces de femmes qui nous suivent ont des corps de serpent qui leur permettent de se mouvoir sans faire de bruit. A coté de moi, maman respire très fort ; cela doit être la fatigue ou sa blessure à la jambe, ou les deux auxquelles vient s’ajouter la peur. Moi aussi j’ai peur et je suis blessée, sur le bras un peu en dessous de l’épaule et dans le dos. Maman dit que c’est sa faute, sauf que c’est mon odeur qui les attire. Il faut vraiment qu’elle arrête de culpabiliser. Bon, je dois te laisser, il faut que je dorme bien car demain, on repart aux premières lueurs du jour.
Atlanta, Géorgie, 29 juillet 2005,Cher Journal,
Nous voilà arrivées à Atlanta, en Géorgie. Nous allons enfin pouvoir rentrer à la maison, j’ai hâte de voir Lizzy pour tout lui raconter ! Sauf que maman veut m’emmener dans un lieu plus sûr : la Colonie des Sang-mêlé, à Long Island. Apparemment, c’est une colo où il n’y a que des demi-dieux comme moi, où on apprend à combattre et, si on a de la chance, où notre parent Olympien nous reconnait comme son fils ou sa fille. Moi je m’en fiche, je ne veux pas qu’on me reconnaisse. Arès n’est pas mon père, mon géniteur peut-être, pas mon père. Je n’ai pas de père.
Liverpool, 3 août 2005,Cher Journal,
Depuis que nous sommes rentrées à la maison – j’ai fait pression pour ne pas aller à cette fichue colonie – je n’ai fait que dormir et aujourd’hui je me rends compte que les cours reprennent bientôt et que je n’ai pas encore raconté mon « périple américain » – c’est le nom qu’on a trouvé avec maman pour notre course-poursuite avec les monstres – à Lizzy. Elle n’en croira pas ses oreilles mais elle croira certainement ma vilaine cicatrice dans le dos, celle qui me fait encore mal. Maman dit qu’on s’y ait pris trop tard et que la plaie s’est infectée. Par contre, on ne voit presque plus rien de ma blessure au bras et c’est tant mieux. Bon, je vais roupiller encore un petit coup et ensuite il va falloir que j’aille aider maman pour laver correctement la maison avec la rentrée des classes – c’est un rituel chez nous.
Liverpool, 5 août 2005,Cher Journal,
Aujourd’hui, j’ai tout raconté à Lizzy sur mes vacances : je t’avais dit qu’elle ne me croirait pas et elle ne m’a pas crue. Je reprends peu à peu mes forces et le soir, en cachette, je m’entraine au tir pour pouvoir tenir tête aux monstres qui viendront encore nous embêter. Je veux être certaine que la prochaine fois, je pourrai protéger ma mère. Elle le mérite amplement.
Liverpool, 13 août 2005,Cher Journal,
Hier après-midi, Lizzy est revenue de son week-end chez sa grand-tante, alors on s’est retrouvées au parc pour mettre au point un plan afin de louper la rentrée des classes. C’est pour ça qu’aujourd’hui, on est en planque dans la cabane qu’on avait construite avec l’aide se son papa l’année dernière. Lizzy écrit aussi dans son journal intime : c’est moi qui lui aie donné l’idée après le divorce de ses parents. Lizzy, elle a des cheveux comme de l’or : totalement blonds et ses yeux sont verts comme des émeraudes. Au soleil, elle étincelle et je suis très fière d’être sa meilleure amie. Bien qu’on soit en tous points différentes physiquement – elle est plutôt petite et frêle alors que moi, l’épisode de cet été m’a bien fortifiée – on est toujours sur la même longueur d’onde ; on n’a pas besoin de se parler pour se comprendre, un seul regard suffit. Au moment même où je noircis tes pages, je me sens vraiment heureuse.
Liverpool, 15 août 2005,Cher Journal,
J’ai passé ma matinée tout entière cloitrée dans ma chambre : notre blague d’hier n’a pas plut du tout à maman et Matthew, le père de Lizzy. En plus, dans une heure, on part à l’école pour la rentrée. Il me reste encore huit ans obligatoires de scolarisation mais je ne suis pas sûre de tenir jusque là. A cause de ma dyslexie – j’arrive enfin à l’écrire – et à mon hyperactivité avec déficit de l’attention, je ne suis pas capable de tenir une journée entière d’école ; je n’envisage rien de bon pour les huit ans à venir. Est-ce que les demi-dieux de la colonie vont à l’école eux aussi ?
Liverpool, 17 août 2005,Cher Journal,
Une journée et demi d’école et je n’en peux déjà plus. Lizzy est très gentille avec moi mais chaque minute passée en classe est une minute de réelle torture. Il faut vraiment que je m’en aille, cela devient une obligation. Je ne sais pas si je vais tenir encore longtemps dans ces conditions. Et si je fuguais ?
Liverpool, 20 août 2005,Cher Journal,
Le sort n’est vraiment pas en ma faveur : vu qu’il fait beau, et que c’est enfin le week-end, Lizzy et moi avons décidé de partir à l’aventure dans les bois avec notre pique-nique et tout et tout. Sauf que, comble de malchance, nous sommes tombées sur un trou qui débouchait sur un long couloir tellement noir qu’on en voyait plus la fin. Quant elle a voulu dépoussiérer la marque qui se trouvait à coté de l’entrée, Lizzy est tombée dans le trou. Je l’ai suivie. On a continué un peu dans le couloir et quand on a voulu repartir sur nos pas, on a heurté un mur. Mon cœur s’est mis à battre très vite dans ma poitrine et on a couru, couru, couru jusqu’à ce que Lizzy ne puisse plus avancer. On s’est vite rendues compte que le décor avait sensiblement changé et que maintenant, à la place du métal noir qui recouvrait les murs au début, de longues canalisations d’eau continuaient dans le couloir, qu’on a suivit encore un peu avant de se poser pour souffler. C’est là que je t’écris, mais je n’ai aucune idée de l’heure qu’il est ni même de si c’est le jour ou la nuit. Lizzy a l’air totalement affolée et j’ai vraiment peur.
Dans le Labyrinthe, date inconnue,Cher Journal,
Quand on s’est réveillées, on a mangé le peu de nourriture que nos estomacs voulaient bien contenir et on est reparties. Les murs ont changé plein de fois et je ne sens plus mes jambes. Contrairement à d’habitude, Lizzy est totalement silencieuse. En plus de l’obscurité totale, je crois que c’est ce qui me fait le plus peur. On s’arrête pour boire un coup et moi, j’écris. Lizzy ne peut pas faire de même et de toute manière, elle regarde droit devant elle, comme si elle était possédée.
Cela fait maintenant dix, vingt, trente fois – peut-être plus – que nous dormons à même le sol, nos réserves sont totalement épuisées et nous ne nourrissons de se que nous trouvons au fur et à mesure que nous progressons et j’ai l’impression de grandir et de me vider de mes forces peu à peu. Je commence à me demander si on va ressortir de ce labyrinthe un jour.
Athènes, Grèce, 13 juin 2008,Cher Journal,
Il s’est produit une sorte de miracle aujourd’hui : au bout du couloir, nous avons aperçut de la lumière et avons débouché à l’air libre ! J’étais vraiment soulagée de pouvoir respirer de l’air frais et de sentir de nouveau le soleil sur ma peau. Par contre, je n’avais aucune idée de l’endroit où nous venions d’atterrir et encore moins de la date et de l’heure. Nous avons donc erré trente minutes, une heure, deux heures, deux heures et demie avant d’apercevoir, enfin, un village. Nous nous sommes d’abord arrêtées à la fontaine publique pour nous rafraichir puis au bureau de tabac pour regarder la date et là, cela m’a fait un choc : 13 juin 2008. Nous étions restées presque trois ans dans ce truc ! A coté de moi, Lizzy s’est effondrée. Je trouvais bien que j’avais grandit aussi. Cela veut dire que maintenant j’ai douze ans et pour maman, je dois être morte. Mais un gros problème me saute aux yeux : comment allons-nous faire pour rentrer à la maison ? N’ayant pas de meilleure idée et Lizzy n’étant pas en état de marche – elle marmonnait des choses incohérentes et dans un flot continu – je décidais d’aller demander de l’aide à l’office de tourisme. Chose vraiment étrange, nous étions à Athènes, en Grèce ; heureusement, la dame parlait anglais et ne semblait pas vouloir nous tuer – ben oui maintenant, je me méfie. A croire que la chance était de nouveau avec nous, elle goba immédiatement notre bobard – le centre avec lequel on est parti a perdu nos billets de retour vers Liverpool et on doit absolument rentrer chez nous – et, sans faire attention à Lizzy, nous offrit deux retours chez nous. Quand je t’écris, je suis dans l’avion et je vois Lizzy qui regarde loin devant elle, comme dans le labyrinthe. Ses yeux verts sont éteints et je sens qu’ils ne se rallumeront pas. Le Labyrinthe m’a pris une petite partie de mon cœur ; Lizzy ne reviendra plus jamais.
Liverpool, 15 juin 2008,Cher Journal,
Tu ne sais pas ce que ça fait de rentrer chez toi après trois ans d’absence quand tout le monde croit que tu es mort ? Eh bien c’est loin d’être drôle. Surtout quand ton amie qui t’accompagnait est devenue folle et qu’entre temps, ta mère est morte dans un accident de voiture. Cher Journal, je crois que je deviens folle. Je commence à avoir peur de dormir car des cauchemars m’assaillaient dans le labyrinthe. Mais, depuis que je suis revenue, un homme me parle dans mon sommeil. Il dit s’appeler Cronos et être le roi des Titans. Il dit qu’il va renverser l’Olympe : c’est forcément un type bien. D’ailleurs, je voudrais vraiment le rencontrer car, même si trois ans passés dans un labyrinthe m’ont rendue à moitié folle, je n’ai pas oublié pour autant ma haine pour mon père. Cette expérience n’a d’ailleurs fait que l’intensifier : s’il avait été là, il aurait pu aider ma mère à se sentir mieux et, soyons fous, il aurait éventuellement pu m’aider à sortir de là, mais non. Je le hais.
Liverpool, 17 juin 2008,Cher Journal,
Aujourd’hui, je me rends vraiment compte que je suis seule. Ma mère étant morte il y a deux ans, la maison sent le refermé et il n’y a rien à manger. Mais je m’en fiche, je n’ai pas faim. Cher Journal, j’aimerais mieux mourir, sauf que si je meurs, tu te retrouveras vraiment tout seul. Aujourd’hui, tu es ma seule famille alors je vais faire très attention à toi et je te promets que nous irons voir Cronos. Là-bas peut-être on trouvera une nouvelle famille ! En attendant, il va peut-être falloir que je te trouve un protège cahier car je ne veux pas que tu t’abimes ; on doit être tous les deux bien en forme pour pouvoir se protéger mutuellement. Bon c’est pas tout mais il faut qu’on prépare notre voyage maintenant ! Il nous faut de quoi manger, des armes et de l’argent. Et beaucoup de courage mais ça, à présent, on en a à revendre, n’est-ce pas ? J’ai un peu peur quand même mais je sens que Cronos est avec nous donc ça va mieux. Avec lui, on va faire tomber les dieux de l’Olympe de leurs trônes, ça leur fera les pieds !
Liverpool, 20 juin 2008,Cher Journal,
Je n’ai pas écris ni hier ni avant-hier mais il faut dire que je n’ai pas eu le temps vraiment de me poser. Déjà, j’ai nettoyé la maison autant que j’ai pu et je me sens bien mieux depuis. Ensuite, j’ai cherché partout la cachette à argent liquide, à armes et munition et surtout, à carte bleue de maman. D’accord ça ne se fait pas, mais avais-je vraiment le choix ? Ben non. Et puis, je suis sûre que maman ne m’en veux pas de là où elle est, elle sait que je ne peux pas faire autrement. Après, je me suis fais pas mal de sandwichs et j’ai entassé des gâteaux, une bouteille d’eau, une couverture et une pochette dans laquelle j’ai mis les documents importants du genre carte d’identité et passeport pour prendre l’avion. Je ne t’y ai pas encore mis mais ne t’inquiète pas, je te réserve une place et je ne risque pas de partir sans toi de toute manière : on est une équipe je te rappelle ! Ah oui, j’oubliais, j’ai pris une photo de maman – j’ai pris celle de papa aussi, on ne sait jamais – et son iPod, là elle m’en voudra peut-être note bien… Bon, mon sac est un peu lourd mais tant pis, de toute façon, je dois être plus forte : ça m’étonnerai que Cronos accepte une petite gamine de douze ans dans ses rangs sans que je sois un minimum douée. Oui, parce si il lève une armée pour combattre l’Olympe, elle doit être sacrément forte. Il va falloir que je me renforce et que je sois plus endurante. Un entrainement s’impose et ce voyage est un bon échauffement. Notre mission est de ne pas mourir, d’accord ? Demain, on prend l’avion direction la Nouvelle Orléans ! Ne te moque pas, mais si on va là-bas, c’est que je n’avais pas assez d’argent pour me payer un vol jusqu’à San Francisco ; toute façon, ça m’aurait paru trop simple de pouvoir me déplacer aussi facilement dans un pays infesté de monstres. Aller, on ferait mieux de dormir pour être vraiment opérationnels demain.
La Nouvelle Orléans, 20 juin 2008,Cher Journal,
J’ai bien cru que nous n’arrivions jamais ! Déjà, l’avion avait du retard et ensuite, on sommes passés dans une bonne dizaine de zones de turbulence. Tu crois que c’est parce que Zeus, seigneur du ciel, aurait eu vent de mon intention de rejoindre Cronos ? Non, tu as raison, je me fais des idées ; il ne peut pas se soucier de moi dans la mesure où lui non plus ne doit pas trop accorder d’importance à ses propres enfants. Les dieux sont vraiment tous les mêmes. Bref, nous voilà arrivés ; c’est génial ici, il y a des gens qui jouent du jazz à tous les coins de rue ! Vu que maman écoutait souvent ce style de musique, passer la nuit dans cette ville me rend un peu triste mais ça me donne du courage. Si elle me voit de là où elle est, je veux qu’elle soit fière de sa fille ! Alors, quand je t’écris, je viens juste de finir de m’improviser un lit mais je préfère rester aux aguets : on ne sais jamais, des monstres pourraient surgir n’importe quand. Aller, bonne nuit !
Au beau milieu du Nouveau Mexique, dans un wagon à bestiaux, 21 juin 2008,Cher Journal,
Aujourd’hui, j’ai fais ce que je n’avais encore jamais fait : du stop ! C’est marrant mais en même temps, un peu décourageant parce qu’au début, personne ne s’arrête. J’ai quand même fini par tomber sur quelqu’un de sympa qui a bien voulu m’avancer jusqu’à Austin. Arrivée là-bas, la journée était déjà bien avancée mais c’est ce moment là que les monstres ont choisi pour me sauter dessus. Je te jure que j’ai faillit faire un arrêt cardiaque ! Je m’en suis vite remise et j’ai répliqué avec mon pistolet et je suis partie en courant – enfin ça on est d’accord, c’est logique. J’entendais mes assaillants se rapprocher peu à peu – c’étaient deux chiens un peu bizarres avec comme des nageoires – quand, comme par miracle, j’ai vu un train arriver à mon niveau sur la voir ferrée. Ni une ni deux, j’ai pris mon élan et j’ai sauté dans wagon dont la porte était ouverte. Enfin ça, c’est ce que je croyais. En fait, c’était une grille et le wagon était plein de vaches ; d’où mon odeur. Je te jure, cher Journal, j’ai vraiment réussi à monter dans un train en marche ! J’y ai quand même laissé une ou deux cotes à en croire la douleur qui me lance dans la cage thoracique. Bon, il faut que je te laisse, je vais certainement devoir sauter parce que mes co-voyageurs commencent à s’exciter.
Quelque part en Arizona, 22 juin 2008,Cher Journal,
Tu as déjà joué au passager clandestin ballotté à l’arrière d’une Jeep avec un chien des Enfers aux trousses ? C’est drôle… Qu’à moitié. Déjà, la Jeep appartenait à deux personnes – un homme et une femme – qui, apparemment, comptait rejoindre je ne sais trop qui à Phoenix. Dans tous les cas, j’ai saisi cette occasion pour aller me cacher sous la bâche à l’arrière de leur voiture. Par infraction, je sais, mais la fin justifie les moyens, non ? J’ai donc commencé à m’assoupir, coincée entre deux grosses caisses, ma tête appuyée sur mon sac. Je me suis plutôt pas mal débrouillée jusqu’ici, tu ne trouves pas ? Je n’ai encore pas dépensé d’argent mais j’arrive à court de gâteaux et ma gourde est vide. Je m’endormais, donc, quand un aboiement m’a sorti de ma torpeur : un chien des Enfers courrait à fond la caisse dans notre direction. Je le visai avec mon flingue et tirai deux puis trois fois sur le monstre. Avec les talchines de la dernière fois – hihi, je viens de me souvenir du nom de ces trucs – je venais de dépenser un chargement complet de balles. Voilà où j’en suis à peu près quand je t’écris. On vient de dépasser le panneau qui indique que l’on rentre dans l’Etat d’Arizona, je ne vais pas tarder à descendre. Il faudra que je m’achète quelque chose à manger aussi parce que là, je commence à avoir sérieusement la dalle. Ah oui j’oubliais : je t’ai dis que j’ai la nette impression que le Titan m’aide dans ma quête ? Si, si, je t’assure ! Aller, je te laisse.
Dans le train entre Phoenix et San Francisco, 23 juin 2008,Cher Journal,
Nous voilà arrivés presque sans problème dans le train en direction de San Francisco. Je commence à avoir vraiment hâte d’arriver, maintenant que je suis si proche du but. Le trajet est sensé durer 8 heures à en croire le panneau de la gare de Phoenix mais j’ai commencé à en douter en voyant la tête du train en question : un vieux truc type corail qui ne semblait pas pouvoir aller plus vite qu’un métro et dont les banquettes semblaient moins confortables que celles du bus de Liverpool. Liverpool… Pour la première fois depuis que je suis partie, j’ai envie de rentrer à la maison. Alors, faute de mieux, je me repasse en boucle l’album soundtrack recording des Blues Brothers qu’on écoutait dans la voiture avec maman ; chaque fois on disait qu’on allait changer de disque, mais chaque fois, on oubliait. Ecouter cette musique me fait penser à elle et me fait me sentir mieux aussi. Cet iPod est comme une relique de mon ancienne vie, un peu comme toi d’ailleurs, sauf que c’est un peu méchant de te traiter de relique. Le ronron du train me berce, je sens que je ne vais pas tarder à m’endormir, alors bonne nuit !
San Francisco, ruines du palais des Titans, 24 juin 2008,Cher Journal,
Je suis enfin arrivée au repère de Cronos ! Enfin, cher Journal, on y est ! Non sans mal, mais on a réussi ! Ben oui, parce que j’ai encore du sauter d’un train en marche à cause d’une fille qui, sans crier garde, a transformé ses jambes en deux pattes hideuses et ses yeux en deux billes injectées de sang. Vraiment effrayante cette fille, qui était en fait une empousa – encore un monstre au nom hypra-compliqué. Bref, j’ai encore du sauter du train alors que, cette fois-ci, j’avais payé ma place ! Et ne me sort pas que je suis radine. En plus, c’est fini, à présent, je n’ai plus aucune munition. Mais tant pis parce qu’en même temps, je n’en ais plus besoin. Bon, il faut quand même que je t’explique la situation qui est, il faut l’avouer, assez bizarre : en fait, Cronos est toujours au fin fond du Tartare mais il s’adresse à nous au travers de nos rêves, c’est dingue, non ? Ce mec est trop fort, moi je dis. Donc en attendant qu’il puisse revenir, le chef des partisans – c’est comme ça qu’on s’appelle – c’est Luke quelque chose – j’arrive super bien à retenir les têtes des gens mais les noms, rien à faire, je fais un sérieux blocage. C’est un demi-dieu, comme moi, et il y en a plein d’autre ici aussi ; il y a aussi pas mal de monstres. Le truc, c’est qu’ils sont tous super balèzes et que, si je ne m’entraîne pas un peu, je vais me faire écraser comme une crêpe. En fin d’après-midi, on m’a attribué une chambre avec un vrai bon lit, et on m’a dit de me présenter demain à l’entraînement parce que je risquais d’en avoir fortement besoin. Je l’aurais bien envoyé bouler l’autre-là, mais je me suis retenue vu qu’il devait mesurer 1 mètre 90 et qu’il faisait carrément peur. Voilà donc où nous en sommes, cher Journal. A présent, je suis sûre que tout va très bien se passer, crois-moi.
San Francisco, ruines du palais des Titans, 25 juin 2008,Cher Journal,
Ça y est, ce matin on a commencé l’entraînement, et, tu peux me croire, c’est du lourd ! La plupart des gens autour de moi viennent de la Colonie des Sang-mêlé – tu sais, celle où maman voulait me mettre il y a quatre ans – et savent déjà bien se battre. Moi, je n’ai jamais tenu une épée et heureusement que je suis fille du dieu de la guerre parce que sinon, je serai vraiment ridicule. D’ailleurs, je tiens à te dire que je ne me bats pas à l’épée, mais au sabre. Au katana pour être précise ; et que je me débrouille bien. Malheureusement, on fait aussi de la course à pied, de la musculation et de la boxe, résultat des courses, je suis couverte de bleus, j’ai mal partout mais j’ai vraiment hâte de recommencer demain. Il faut que je te laisse, mes paupières se ferment toutes seules.
San Francisco, ruines du palais des Titans, 2 janvier 2009,Cher Journal,
Sept mois que je n’ai rien écris sur tes pages. Sept mois, tu te rends compte ? Je me sens indigne. Il faut dire que pendant sept mois, je n’ai pas arrêté de m’entraîner une seule seconde ; j’ai un vague souvenir d’avoir mangé, je ne suis même pas sûre d’avoir dormi. Je m’en suis rendue compte ce matin, en me levant, quand j’ai voulu enfiler mon jean et que je n’y suis pas arrivée : il bloquait aux cuisses et me faisait panta-court ! Mon corps s’est transformé au cours de ces sept derniers mois, mais je crois que j’ai changé tout court. Je ne suis plus la fille qui a écrit tes premières pages. Je ne suis plus si naïve, ni si faible et maintenant, je sais tout de mes adversaires – les noms et les points faibles des monstres par exemple. Je sais me battre aussi – avec deux katanas qui se transforment en deux anneaux enlacés (un pour Lizzy et un pour maman) – mais je n’oublie pas mon pistolet pour autant ! Il est dans mon sac, à coté de toi et de l’iPod de maman. Tu te souviens de quand je t’ai dis que la photo de maman me servirait peut-être ? Eh bien, elle m’a servit. C’était hier, une demi-déesse avec qui je m’entraîne a décidé que puisse que nous étions dans le camp des méchants, ont devait avoir une allure rebelle. Je suis d’accord avec elle, alors quand elle est allée se faire tatouer et que son copain et un autre mec sont allés se faire des piercings, je sur allée me faire teindre les cheveux. Je te l’avais promis il y a longtemps, pour moins ressembler à mon père. Alors ce soir, mes cheveux ne sont plus bruns presque noirs, mais châtains, comme maman ! Si tu savais comme j’aimerais qu’elle soit là pour voir ça. Bon écoute, je vais te laisser parce qu’il faut que je me repose.
San Francisco, ruines du palais des Titans, 11 juin 2009,Cher Journal,
Aujourd’hui, c’est mon anniversaire : j’ai treize ans, mais j’en fais quatorze, et tu sais quoi ? Luke m’a confié une mission, tu te rends compte ? Une vraie mission ! Bon, rien de très important, mais bon, quand même. J’ai l’impression d’être importante aux yeux d’une personne ou d’une communauté, enfin l’impression d’être quelqu’un. Tu ne peux pas savoir comme je suis impatiente de partir et combien je suis fière de voir que mes efforts sont enfin récompensés ! Je pars demain en direction de Vancouver dérober une arme à un certain Andrew Hamilton, mais je ne peux pas t’emmener, désolée. Ne t’inquiète pas, je ne serai pas seule : Caleb, un Apollon renégat de la Colonie, m’accompagne – je dois bien t’avouer que j’aurais préféré partir seule et je crois que lui aussi mais je vais essayer de ne pas être trop désagréable, même si je le suis de nature. Je te fais la promesse de rentrer vite pour tout te raconter. Ah oui, je ne te l’ai pas dit mais maintenant, on a un bateau de croisière !
San Francisco, ruines du palais des Titans, 20 septembre 2009,Cher Journal,
Je n’ai pas pu tenir ma promesse. Je ne suis pas rentrée vite pour tout te raconter. De toute manière, notre excursion a été loin d’être glorieuse. Le Andrew était sérieusement coriace et on en a bavé. J’ai du perdre pas mal de litres de sang : ce mec était barge. Sérieusement barge. J’en fais encore des cauchemars, tiens ! Cette mission m’aura néanmoins appris une chose : on ne peut avoir confiance en personne car on n’est jamais à l‘abris d’une trahison. Jamais. Quand je t’écris, je suis dans ma chambre, mon épaule encore douloureuse de s’être pris une balle, l’album des Blues Brother à fond dans les oreilles. Je pleure et j’ai mal, pour la première fois depuis mon arrivée ici, je me demande si j’ai choisi le bon camp. Sauf que je ne peux plus revenir en arrière, que pendant ma mission, mon père n’a pas donné signe de vie et que mes nouveaux amis ont tous été délaissés par leur parent divin. Maintenant, ma famille c’est eux ; et toi, bien sûr ! A présent, j’entends leurs rires de l’autre coté de la cloison et le souffle paisible de Wendy, une petite sang-mêlé à coté de moi, et je me sens bien, à ma place. Non, cher Journal, je ne regrette rien, et j’ai bien l’intention d’aller botter les fesses des Olympiens. Ah oui, j’oubliais, normalement je te dis tout, mais là je crois que je ne t’ai pas dis que j’ai changé de couleur de cheveux : maintenant, ils sont roses ! Et la prochaine fois, je les ferai faire bleus électrique ; comme ça, je ne ressemble plus à personne et je peux être moi librement !
Alice… Tu as arraché toutes les pages que tu avais écrites soigneusement de ta main, pendant encore quatre ans, comment puis-je savoir si tu va bien maintenant ? Tu n’as laissé qu’une seule page, et encore. Ma chère petite Alice, tu n’auras pas laissé de répits à ta pauvre mère jusqu’au bout, n’est-ce pas ? Bon, allons-y, lisons-la, cette dernière page. De toute manière, tu es trop grande maintenant pour tenir un journal intime, n’est-ce pas ? Ma pauvre Alice, dix-sept ans seulement et tu es déjà trop vieille…
San Francisco, ruines du palais des Titans qui ne sont plus si en ruines que ça, 20 septembre 2009,Cher Journal,
Je repars encore en mission. Une mission plus dangereuse encore. Tu pourrais croire que je fais ça parce que je suis suicidaire, mais détrompe toi, je fais ça pour monter en grade afin d’être aux premières loges à la tombée de l’Olympe. Cronos est de plus en plus présent dans mes rêves et, entre nous, Commandent Livermoore, ça sonne bien, non ? et puis, les missions d'infiltration chez l'ennemi avec fausse identité tout ça, ça me fait triper. Le plus drôle, c'est quand même quand je peux faire tomber et masque et que l'autre fait une tête pittoresque en se rendant compte qu'il s'est fiat avoir comme un bleu ; franchement, cher Journal, c'est vraiment énorme ! En t’ouvrant tout à l’heure, je me suis rendue compte que je t’avais fini, alors je t’ai relu, comme pour m’imprégner de mon histoire si, par malheur, je venais à mourir demain. Mais ne t’inquiète pas cher Journal, je compte vivre encore longtemps, et ne jamais laisser de répit à ces enfoirés d’Olympiens. La guerre est proche, je peux la sentir. Tu la sens toi aussi ? Je m’aperçois qu’à toi, j’ai toujours tout confié, alors, pour t’alléger, je vais t’enlever ces quatre dernières années, d’accord ? Quatre… Ca fait deux pour Lizzy et deux pour maman. La vie me l’ai a enlevées alors moi, j’enlève des pages à ma vie. Ne t’inquiète pas, ça ne te fera pas mal. Regarde, moi, je me suis cassé plein de fois les cotes et foulé je ne sais trop combien de fois les chevilles : je ne suis pas morte pour autant. Bref, demain je pars en mission et je ne suis pas sûre de pouvoir noircir ne serait-ce qu’une fois de plus tes pages. Alors, cher Journal, je préfère te faire mes adieux maintenant, comme ça, ce serait fait. On fait comme ça ?
Et je ne croyais pas si bien dire…