[Vraiment, vraiment, vraiment désolée de ne pas avoir répondu plus tôt je n'avais pas vu ton post! ]

C'est une matinée relativement calme, rien n'était prévu à mon programme habituellement toujours chargé! J'avais donc pris une grande décision, j'avais décidé d'aller rencontrer ma nouvelle petite protégée, Cassandre Green. C'est sa mère, Déméter qui m'avait demandé de veiller sur elle, n'ayant pas beaucoup de protégés, j'avais accepté. Cette demande ayant eu lieu peu de temps avant, et je n'avais pas pris le temps d'aller voir Cassandre. Aujourd'hui me semblait le bon moment!

Evidemment, c'était le seul jour depuis longtemps où la jeune fille avait décidé de quitter la Colonie avec 2 de ses soeurs! N'ayant pas vraiment le temps d'attendre qu'elle revienne de son excursion je m'étais résolue à ... saboter ses plans. Je sais, je sais ce n'est pas très correcte, blablabla, mais cette balade pouvait attendre pas ce que j’apprêtai à dire à Cassandre!

En effet, faire sa connaissance n'était pas le seul motif de ma visite! J'avais besoin d'informations venant directement de la Colonie, pour la guerre contre Cronos. Certes, Chiron nous tenait relativement au courant des grands évènements qui se déroulait à la Colonie, mais je voulais plus de détails, que vous voulez-vous avoir le plus de précisions possibles pour préparer un plan de bataille est indispensable!

J'aurai pu charger de cette mission un de mes enfants, mais ils étaient tous plus ou moins très occupés et de plus, cela faisait partie de l'arrangement entre sa mère et moi, je la protégeai et elle m'apporter des informations, pas très joli joli comme arrangement certes, mais bon...

Bref, quoi de mieux pour annuler une sortie entre soeurs qu'un temps pourri! C'est pour ça que lorsque que les 3 filles de Déméter s'éveillèrent ce matin là, une pluie torrentielle s'abattait sur la Colonie. Il faisait toujours beau à la Colonie, pourtant les pensionnaires ne furent pas particulièrement surpris ce jour là! Ah, les demi-dieux, aussi aveugles que des taupes!

Je dus néanmoins attendre l'après-midi pour pouvoir rencontrer Cassandre, seule à seule. Cette occasion se présenta lorsqu'elle partit se balader près du lac.

Je me positionnai derrière elle et elle sentit ma presence avant que je ne me présente.

"-Qui… qui êtes-vous?"

Je lui souris en essayant de me montrer rassurante.

"-Je suis Athéna! Et je suis ta déesse protectrice... Ravie de faire ta connaissance, Cassandre!"

Mieux valait ne pas lui révéler tout de suite la véritable raison de ma présence, ce n'était pas vraiment agréable à entendre j'imagine!!

Cassandre fut... sidérée de me voir! C'est le moins que l'on puisse dire! Elle bégaya quelque peut, m'observa longuement puis me sourit. J'étais habituée à provoquer ce genre de réaction chez la plupart des mortels à qui je parlais! Il faut dire que l'aura d'une déesse est puissante, très puissante, et pour toute personne ayant un temps soit peu de jugeote elle pousse les humains à partir en courant! Evidemment quand ce mortel est un demi-dieu, je prend en général très la mal la fuite, mais passons!

"-Je suis moi aussi très heureuse de faire votre connaissance, et très... flattée."

Je répondis d'abord à la jeune fille par un sourire.

"-Il n'y a pas de quoi! Presque tous les demi-dieux possèdent un dieu protecteur, c'est une sorte de service que se rendent les Dieux entre eux! Je t'ai choisi parce que tu sembles très intelligente, ainsi que courageuse, ce que, comme tu le sais sans doute, sont deux qualités que j'apprécient beaucoup!"

Je lui souris de nouveau pour faire une petite pause dans mon laïus. Je cherchais un moyen de lui exposer le service que je voulais qu'elle me rende. Je ne devais surtout pas la braquer, ou lui faire penser qu'elle était obliger d'accepter, chose qui au demeurant était faux, je comprendrais parfaitement si elle refusais! Etre espionne n'est pas quelque chose de facile!

"-Cassandre, j'ai quelque chose a te demander... Une faveur ou plutôt un service que tu pourrais me rendre. Vois-tu, tu sais sans doute que des espions sont parmi vous à la Colonie, ces rats répètent tout à Cronos sur nos plans et vos entraînements. Et, vois-tu, j'ai besoin de savoir de l'intérieur ce qui se passe à la Colonie, un peu comme mon grand-père si tu veux! Chiron nous tient au courant de ce qui se passe ici, mais j'aimerai avoir des infos de ce qui vivent les quêtes, etc... Naturellement, je comprendrais si tu refusais!"

Un autre petit sourire pour agrémenter ma requête, et j'attendais maintenant sa réponse. Les autres dieux n'étaient pas au courant de mon plan, hormis Déméter, car beaucoup n'auraient pas cautionné, trouvant tout cela trop risqué, qu'elle pouvait changer de camp et tout dire à Cronos, blablabla, comme si je n'y avais pas déjà pensé!

Bref, j'avais envisagé tous les risques que mon plan risquait de provoquer, j'avais déjà pensé à comment elle me tiendrait au courant, mais encore fallait-il que la demi-déesse accepte!

J'ai rougi sous le coup des deux compliments successifs et ai baissé les yeux, gênée. Courageuse, moi ? Je ne me considérais certes pas comme une froussarde de première catégorie, mais de là à affirmer que je possédais du courage à proprement parler... Quant à l'intelligence, il s'agissait d'une louange importante venant de la part de la déesse de la sagesse, mais étais-je sûre de la mériter ? Athéna, après tout, ne me connaissait pas personnellement. Comment pouvait-elle donc être certaine de ne pas me surestimer ? Elle s'est soudain interrompue, et j'ai redressé la tête, m'attardant pour la première fois depuis qu'elle était apparue sur les traits de son visage. Symétriques et harmonieux, certains éléments de sa physionomie me firent penser à Annabeth et je retins un sourire à ce souvenir. Annabeth... Cela faisait un certain temps que je n'avais pas recroisé la demi-déesse ailleurs que durant les repas ou au détour d'un chemin, et elle me manquait. Beaucoup plus que ce à quoi je m'étais attendue. Annabeth... Que pouvait-elle faire, à cette heure-ci ? Comment réagirait-elle si elle savait que j'étais en train de discuter tranquillement avec sa mère sur le bord du lac ? Enfin... Tranquillement était un bien grand mot et, si j'étais peu à peu revenue de ma stupeur, je me sentais tout de même encore légèrement... nerveuse.

Cassandre, a repris alors la déesse, j'ai quelque chose a te demander... Une faveur ou plutôt un service que tu pourrais me rendre. Vois-tu, tu sais sans doute que des espions sont parmi vous à la Colonie, ces rats répètent tout à Cronos sur nos plans et vos entraînements. Et, vois-tu, j'ai besoin de savoir de l'intérieur ce qui se passe à la Colonie, un peu comme mon grand-père si tu veux ! Chiron nous tient au courant de ce qui se passe ici, mais j'aimerai avoir des infos de ce qui vivent les quêtes, etc... Naturellement, je comprendrais si tu refusais !

Il m'a fallu un certain temps pour analyser chacune de ses paroles, et encore un peu plus pour que les phrases se gravent en lettres de feu dans mon esprit. Essayant de faire fi du regard scrutateur avec lequel elle me jaugeait, je me suis concentrée, les sourcils froncés. Si je comprenais bien, elle souhaitait ainsi que je devienne une sorte d'espionne à sa solde. Enfin, à la solde des dieux de l'Olympe, mais cela revenait au même. À cette révélation, je me suis sentie pâlir. Moi, espionner la Colonie des Sang-Mêlés pour le compte d'Athéna ? Malgré tout le respect que je lui vouais, cela me semblait au-dessus de mes moyens. Trahir mes amis, révéler les secrets, briser les mystères, rompre les serments, dénouer les promesses ? En faisant cela, ne risquais-je pas de m'abaisser au rang de Cronos et des Partisans qu'il envoyait espionner à nos frontières ? Sans m'en rendre compte, j'ai porté mon pouce à ma bouche pour en mordiller l'ongle tout en réfléchissant. Cependant, m'a soufflé une voix ténue, personne ne te demande de trahir qui que ce soit. Tous ceux qui sont fidèles aux Olympiens n'ont absolument rien à craindre. Ainsi, tu ne te retrouves pas dans le même cas que les espions de Cronos qui, eux, vont récolter des informations en territoire ennemi. Toi, tu te contenteras de faire le compte-rendu de ce qui se passe à la Colonie à ta déesse protectrice. Et en faisant cela, tu aideras les dieux et leurs alliés.

Et en faisant cela, tu aideras les dieux et leurs alliés.

J'ai pris une profonde inspiration avant d'expirer longuement. Ma décision était prise. Ou presque. Car il me restait encore une chose, une unique chose, une dernière chose à vérifier.

Est-ce ma mère qui vous a demandé de veiller sur moi ?

Plainte, prière ou supplique, ma voix en a pris les moindres des intonations mais je m'y suis pas attardée, concentrant mon attention entière sur Athéna. De sa réponse dépendrait tout le reste, je le savais, nous le savions toutes deux.

Après mon petit discours, Cassandre resta quelques instants silencieuse. Elle parut peser le pour et le contre de ma proposition, envisager toutes les conséquences de son futur choix.

Je respectais son silence, et le comprenais. Il m'arrivait souvent de rester songeuse et silencieuse quand je réfléchissais, et je haïssais qu'on me dérange dans ces moments là!!

Puis la demi-déesse me posa une question, qui allait conditionner sa réponse:

"-Est-ce ma mère qui vous a demandé de veiller sur moi ? "

Que répondre? Lui mentir ou lui dire la vérité? Sa mère m'avait effectivement demandé de veiller sur elle, mais étais-ce cela qu'elle voulais entendre? La plupart des demi-dieux on grandit en pensant que leur parent divin se fichait d'eux (certains sont même passés dans le camp de Cronos pour cette raison!) Ils s'étaient construits en acceptant cette absence, et de plus ils étaient tous, ou presque, adolescents et à cet âge là ils n'apprécient pas trop de se sentir surprotéger par des Dieux qui ne se sont jamais occupés d'eux!

Mais Cassandre était différente, je ne sentais pas dans son coeur de la rancoeur envers sa mère. Elle avait toujours su qu'elle était une demi-déesse, elle considérait vraiment Déméter comme sa mère et elle l'aimait sincèrement. Mais il restait toujours le fait qu'elle était adolescente...

Elle pouvait avoir envie de savoir que sa mère veillais sur elle, et penser que en acceptant ma proposition elle la rendrait fière, tout comme elle pouvait avoir envie de contrecarrer ses plans. Dans ce cas là, je pouvais lui mentir. J'étais une déesse, et je pouvais lui mentir sans qu'elle ne s'en aperçoivent, et lui dire que j'avais décidé de la protéger de ma propre initiative, que sa mère n'avait rien à voir là-dedans,.. Mais je n'en avais pas envie, j'aurais eu l'impression de ressembler à mon grand-père, Cronos, qui enrôle ses troupes en transformant la vérité!!

"-Oui, Cassandre, c'est bien ta mère qui m'a demandé de veiller sur toi."

Je l'avais dit, et j'allais bientôt savoir si c'est ce qu'elle attendais pour accepter, ou refuser ma demande.

Athéna est resté un long moment silencieuse et, durant un horrible instant, j'ai eu peur qu'elle ne décide de me mentir. Certes, je ne voyais pas très bien à quoi cela aurait pu lui servir et, surtout, je m'imaginais mal la déesse de la sagesse se transformer en truand malhonnête. Mais la manipulation ne constituait-elle pas justement une certaine forme d'intelligence ? Athéna pouvait-elle se révéler vraiment aussi parfaite que je me la représentais - ne venait-elle pas à l'instant de reconnaître qu'elle prenait exemple sur Cronos pour contrecarrer ses plans, la fin justifiant les moyens ? Et je savais pertinemment que, si l'envie prenait à la rusée déesse de me cacher la vérité, malgré mes craintes, je resterais totalement dans l'expectative et n'y verrais que du feu. Enfin, elle a ouvert la bouche, lâchant les mots que j'attendais avec tant d'impatience et d'anxiété, et j'ai vu dans le regard profond qu'elle me lançait qu'elle avait choisi la voie de la sincérité.

Oui, Cassandre, c'est bien ta mère qui m'a demandé de veiller sur toi.

Un moment, je suis demeurée muette tandis que les phrases se bousculaient dans ma tête, à la fois follement heureuse et effroyablement déçue. Ainsi, Déméter ne m'avait pas oubliée et, surtout, se souciait de moi - et un long frisson de joie a couru le long de ma colonne vertébrale. Mais, si elle se faisait véritablement du souci pour moi, pourquoi avait-elle demandé à un autre dieux de veiller sur moi ? Avait-elle besoin d'un intermédiaire pour s'occuper de sa fille ? J'ai baissé les yeux sur mes mains. Elle tremblaient, et j'ai serré les pans de ma veste pour le cacher à Athéna.

Dans ce cas...

Ma voix a déraillé tandis que je frémissais de nouveau. J'accepte. Pourquoi ces trois malheureuses syllabes, ces huit misérables lettres avaient-elles tant de mal à sortir de ma bouche ?

Qu'attendez-vous de moi ?

Ne serai-je donc qu'un pion dans votre gigantesque échiquier, un pion que ma mère a consenti à sacrifier pour la cause commune ? Et qui, un jour, me prouvera le contraire - vous ou Déméter ?

Spoiler:

-Dans ce cas... Qu'attendez-vous de moi ?

Par tous les dieux! J'étais soulagée! Cassandre avait accepté mon offre! Même si elle avait eu du mal à formuler ces quelques mots, preuve de son hésitation, elle était d'accord avec mon plan et c'était le principal!

Qu'attendais-je d'elle? Eh bien, beaucoup de choses à vrai dire! Me rapporter des infos, être discrète, se fondre dans la masse des demi-dieux, peut-être repérer des espions?

-Je suis ravie de ta décision, chère protégée! J'attends de toi que tu me fasses un rapport tous les mois, si cela t'es possible bien sûr! Tu devras me communiquer les plans prévus par les Conseillers, les monstres ayant attaqués la Colonie, les demi-dieux partis en quête et tout ce qui te semblerait important pour que je puisse élaborer un plan! Et s'il te plait, j'aimerai aussi que tu "veilles" sur mes enfants, j'aimerai juste savoir si ils vont bien! Tu penses pouvoir faire ça?

Si mes enfants apprenaient que je chargeais une demi-déesse de veiller sur eux, ils m'en voudraient terriblement et surement pour le restant de leurs jours! Et ça se comprenait! J'avais (presque) honte de moi, être une déesse et ne même pas être capable de veiller sur ses propres enfants!

Ah, et bien sûr cette mission doit rester secrète, pour ta propre sécurité! Si les espions de Cronos l'apprenaient ta vie serait en danger! Seules 3 personnes sont au courant de ce plan: ta mère, toi et moi. Tu devras donc effectuer ton rapport en m'envoyant un iris-mail, à l'abris des regards indiscrets!

Cette liste d'informations était impressionnante, je le reconnaissais, j'espérais juste que ça ne ferait pas changer d'avis la demi-déesse!

Lorsqu'Athéna, visiblement soulagée, m'a offert un large sourire, j'ai su que j'avais fait le bon choix. J'espérais juste que je n'aurais pas à le regretter par la suite... Puis elle a repris la parole, m'ensevelissant sous un flot d'informations que, une fois le premier doute passé, j'ai essayé de retenir tant bien que mal. Les plans prévus par les Conseillers, les attaques de monstres, les différentes quêtes et leurs demi-dieux attitrés... Un instant, je me suis demandée pourquoi la déesse ne pouvait pas surveiller tout cela d'elle-même. Les dieux n'étaient-ils pas censés tout voir, tout entendre ? Sans doute devait-elle être trop occupée par ailleurs - ce qui, soit dit en passant, n'était pas pour me rassurer : la situation était-elle donc aussi critique que cela ?

À ce moment, elle a émis son ultime requête, et je n'ai pas pu m'empêcher de sursauter, portant sur ma déesse protectrice un regard incrédule. Elle me demandait de veiller sur ses enfants - et cela me paraissait si insensé que j'ai failli éclater de rire. Comment pouvais-je veiller sur des fils et filles d'Athéna qui, je le savais, étaient infiniment plus aptes que moi à me sauver la vie que moi la leur ? Des sang-mêlés telle qu'Annabeth, par exemple, avaient-il réellement besoin de protection ? Une scène, datant de quelques jours à peine, m'est revenue à l'esprit. Je venais de sortir du bungalow des Déméter et, me dirigeant vers le réfectoire, était passée à proximité du terrain d'entraînement. J'y avais jeté un coup d'oeil et avais alors vu à l'intérieur une petite fille de tout juste sept ou huit ans, que j'avais aussitôt identifiée comme appartenant au bungalow Athéna, et qui s'entraînait à l'épée sur un mannequin de paille. Elle enchaînait les coups, les feintes et les esquives avec une adresse et une vitesse proprement stupéfiantes et je m'étais fait la réflexion que jamais je ne parviendrais à me battre un jour aussi bien que cette fillette, qui n'avait même pas dix ans. Certes, de nature posée et pacifique, je n'aimais guère tout ce qui se rapportait aux armes, au sang ou à la guerre, mais cette révélation m'avait hantée pendant un long moment.

J'ai cependant relevé la tête, esquissant un sourire en croisant le regard soucieux d'Athéna. Après tout, je devais pouvoir être capable de l'informer de manière régulière de ce qui se passait à la Colonie et de lui donner, de temps à autres, des nouvelles de ses enfants. Pourtant, je ne parvenais pas à me départir d'une désagréable impression qui n'avait cessé de croître depuis le début de notre conversation : Déméter avait demandé à la déesse de la sagesse de me protéger, et c'était à présent elle qui souhaitait que je veille sur ses propres rejetons... Les dieux avaient-ils donc tous besoin d'un intermédiaire pour prendre des nouvelles de leur progéniture ? À cet instant, une curieuse boule s'est formée dans ma gorge et, malgré mes efforts, je n'ai pas réussi à chasser le goût amer qui avait envahi mon palais.

Puis Athéna m'a certifié que je devais conserver le secret sur cette mission et ne la remplir qu'avec extrêmement de prudence et de discrétion, et j'ai approuvé vigoureusement - cela me semblait évident - tout en me projetant mentalement ce que j'allais devoir accomplir à partir de ce jour. Il était vrai que cela n'était pas vraiment de l'espionnage, après tout. Et puis, je ne ferais part à la déesse que des informations que je jugerais importantes sans dévoiler ce que j'estimerais peut-être plus intime ou... confidentiel.

J'ai redressé le menton. Mon interlocutrice me fixait gravement, respectant ma réflexion. Alors, constant que celle-ci était terminée, elle a souri à nouveau, encourageante, et je lui ai rendu la pareille avec bonheur. Malgré les perspectives parfois peu engageantes qu'offrait ma nouvelle mission, je ne pouvais que me sentir honorée que ce soit justement moi sur qui son choix s'était porté, et j'étais aussi heureuse de savoir que ma mère se souciait de moi, même si j'aurais peut-être préféré un rapport plus... direct. Je me suis tout à coup sentie ouvrir la bouche, et les mots, que je m'étais pourtant jurée de taire, ont franchi mes lèvres :

Dites, est-ce que vous pourriez me parler de Déméter ?

Atrocement honteuse, affreusement gênée, je suis soudain devenue écarlate tandis qu'Athéna haussais les sourcils.

Enfin... vous comprenez, je ne l'ai rencontrée que de très rares fois, quand j'étais toute petite, et je n'ai pratiquement aucun souvenir d'elle. Je sais juste qu'elle était blonde, comme...

Je me suis mordue la langue juste à temps. Mes joues, de pivoine, sont passées au grenat, et il m'a fallu faire appel à toute ma volonté pour cesser de rougir. Peu à peu, la chaleur a quitté mon visage, et je me suis autorisée à pousser un léger soupir. Comme moi. Mais quelle cruche.

Après mes paroles, Cassandre resta silencieuse un long moment. Songeant sans doute à comment elle pourrait satisfaire mes différentes et nombreuses requêtes! Je respectai donc ce silence, attendant qu'elle soit prête à me parler de nouveau!

Quand enfin elle releva la tête, me sourit et me parla, ce fut pour me poser une question à laquelle je ne m'attendais pas du tout! Même si je devais reconnaître qu'elle était tout à fait légitime!

-Dites, est-ce que vous pourriez me parler de Déméter ? Enfin... vous comprenez, je ne l'ai rencontrée que de très rares fois, quand j'étais toute petite, et je n'ai pratiquement aucun souvenir d'elle. Je sais juste qu'elle était blonde, comme...

Comme elle... La demi-déesse s'arrêta au milieu de sa phrase et je ne sus si c'était par gêne d'avoir prononcé ces paroles de vive voix ou par émotion. Il était vrai que sa mère, ma tante donc, et elle se ressemblaient beaucoup, mais pas seulement par leur couleur de cheveux identique!

-Eh bien, je ne sais trop quoi te dire! Même si je te connais peu, j'ai l'impression que tu lui ressembles sur bien des points! Physiquement certes, il est vrai qu'elle est blonde comme toi et a des yeux d'une forme également identique aux tiens, mais moralement aussi. Ta mère est une déesse très "droite", comparée à bien d'autres Olympiens! Elle tient toujours ses engagements et ne fait pas preuve de faiblesse, en écoutant ses sentiments par exemple, pour prendre des décisions, ce qui est une qualité que j'apprécie! Et vu que tu as accepté ma proposition, même si tu vas devoir cacher des choses à tes amis, j'en déduis que tu l'as possède toi aussi!

Je lui souris, essayant de faire passer ma phrase pour autre chose que les pensées de quelqu'un pouvant passé pour sec, hautain, sans coeur ou que sais-je encore!

Sinon, Déméter est très généreuse, gentille avec tout le monde et appréciée par tout le monde!

Je ne savais pas trop quoi rajouter, certes ma tante avait des défauts mais je préférais laisser à Cassandre une image positive de sa mère. Une sorte d'illusion de perfection qui lui serait sans doute profitable!

Si Athéna a trouvé mon interrogation étrange, elle n'en a rien montré et, après s'être accordée quelques secondes de réflexion, a commencé d'une voix douce :

Eh bien, je ne sais trop quoi te dire ! Même si je te connais peu, j'ai l'impression que tu lui ressembles sur bien des points ! Physiquement certes, il est vrai qu'elle est blonde comme toi et a des yeux d'une forme également identique aux tiens, mais moralement aussi. Ta mère est une déesse très "droite", comparée à bien d'autres Olympiens ! Elle tient toujours ses engagements et ne fait pas preuve de faiblesse, en écoutant ses sentiments par exemple, pour prendre des décisions, ce qui est une qualité que j'apprécie ! Et vu que tu as accepté ma proposition, même si tu vas devoir cacher des choses à tes amis, j'en déduis que tu la possèdes toi aussi !

Suspendue à ses lèvres, je buvais littéralement ses paroles, en oubliant presque de respirer ; comme si, par le biais de cette description pourtant courte et incomplète, je pouvais faire sortir Déméter de ma mémoire et la visualiser avec autant de netteté que si elle était apparue entre la déesse et moi, avec ses cheveux dorés la dotant d'une auréole de lumière et son visage exprimant tout l'amour d'une mère envers sa fille. Je savais certes que personne n'était parfait, et que celle-ci ne pouvait donc pas être cette femme ne comptant que des qualités dont ma déesse protectrice était en train de me faire le portrait. Mais, parfois, les illusions sont plus douces que la réalité, et je préférais pour l'instant que l'image de ma mère reste inchangée dans mon esprit. Intouchable - pour le moment.

Cependant, la fin du discours d'Athéna m'a sortie violemment de mes rêveries si agréables. Ainsi, elle jugeait que je privilégiait la voie de la raison à ce que me dictait mon coeur. Pour elle, il s'agissait sans nul doute d'un point positif, puisqu'elle a appuyé cette affirmation d'un sourire resplendissant. Quant à moi... je l'ignorais. Et, surtout, je craignais de la décevoir. Que se passerait-il s'il s'avérait finalement que ce n'était pas le cas ? La déesse pourrait-elle me pardonner cette faiblesse, qu'elle prendrait certainement comme une trahison ? À vrai dire, j'étais heureuse de ne pas le savoir, et espérais ne jamais avoir à le découvrir.

Sinon, Déméter est très généreuse, gentille avec tout le monde et appréciée par tout le monde !

Quelque chose, dans son ton, m'a appris qu'elle avait terminé, et j'ai relevé la tête d'un mouvement hésitant. Elle a alors plongé son regard dans le mien - un regard éblouissant, dans tous les sens du terme. J'ai cligné plusieurs fois des paupières puis, gênée, ai détourné les yeux.

Est-ce que... est-ce que vous désirez encore quelque chose ?

Loin de moi l'idée de la renvoyer, mais, paradoxalement, je ne me sentais pas assez à l'aise pour faire durer le silence qui avait menacé de s'installer entre nous. Puis, tout à coup, comme on énonce une évidence :

Merci.